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Juil 24 2020

Entretien avec Mariama Sonko : faire entendre la voix des agricultrices en Afrique de l’Ouest !

Mariama Sonko vit à Niaguiss, un village du sud-ouest du Sénégal, en Afrique. Elle a rejoint le mouvement en 1990 et depuis lors, elle soutient les connaissances et les pratiques agricoles locales. Elle a cinq enfants et ses propres produits agricoles constituent la base de l’alimentation de sa famille. Elle est la trésorière de son association de base AJAC Lukaal, la coordinatrice nationale au Sénégal et la présidente du mouvement international “We Are The Solution”. Elle se bat pour les droits humains et socio-économiques des femmes et des jeunes.

Quelle est l'injustice qui vous passionne le plus ?

L’accent mis sur l’agriculture conventionnelle, une politique agro-industrielle qui nous est imposée par les multinationales, qui repose sur des théories séduisantes mais qui en réalité est fragile, dangereuse et même destructrice dans ses impacts socio-économiques et environnementaux. Cela se fait au détriment de l’agriculture familiale ou de l’agroécologie qui a toujours soutenu la souveraineté alimentaire en Afrique.

Que fait votre organisation ?

Nous pratiquons l’agroécologie et l’agriculture familiale ; nous encourageons la souveraineté alimentaire, les semences paysannes, la biodiversité et la demande d’un accès équitable aux ressources.

‘We Are the Solution’ est issu d’une campagne de 2011 pour la souveraineté alimentaire en Afrique. En 2014, elle est devenue un mouvement de femmes rurales. Le mouvement œuvre pour la promotion des connaissances et pratiques paysannes, une meilleure gouvernance agricole par les décideurs et la valorisation des productions de l’agriculture familiale africaine (agroécologie et semences paysannes), qui ont toujours préservé la souveraineté alimentaire en Afrique.

Le mouvement a cherché à renforcer les capacités des femmes leaders sur les aspects suivants :

  • Développer une conscience agroécologique. 
  • Communiquer la nécessité d’une alternative agroécologique et de genre.
  • Développer la capacité institutionnelle des organisations qui portent le mouvement.
  • Collecter des fonds et mobiliser des ressources.
  • Échanger des expériences agroécologiques et partager les connaissances paysannes.
  • Construire une équipe efficace, développer les compétences de la vie quotidienne.
  • Mise en place de groupes d’experts : semences paysannes, terre, climat et nutrition.
  • Évaluation et suivi du mouvement.
  • Renforcement des capacités des systèmes de production de semences paysannes.

Combien d'organisations y a-t-il dans votre réseau ?

Notre réseau compte actuellement environ 800 associations de femmes rurales dans sept pays d’Afrique occidentale (Burkina Faso, Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Mali et Sénégal).

 

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Le soutien des hommes que nous avons amenés à ce mouvement de femmes rurales parce qu’ils comprennent le sens et la portée de notre combat, mais aussi la gestion efficace de WAS “We Are Solutions” par les femmes rurales africaines.

 

Quels sont les grands défis de la souveraineté alimentaire en Afrique ?

  • L’accès aux semences paysannes (collecte, création de banques de semences, multiplication, etc.)
  • L’accès aux terres cultivables (construction de digues ou de diguettes pour récupérer les terres, et protection des terres agricoles).
  • La maîtrise des eaux de pluie (collecte des eaux de pluie par la création ou l’aménagement de bassins de rétention, irrigation, etc.)
  • Le maintien d’une alimentation saine (sensibilisation aux effets néfastes de l’agriculture chimique).
  • La disponibilité et l’accessibilité de l’énergie solaire.
  • La gouvernance transparente et inclusive des ressources.

Les dangers de la pratique de l’agriculture industrielle ou conventionnelle qui, à mon sens, est la principale cause de la dégradation des terres arables, de la disparition de la flore et de la faune, de la disparition de plusieurs variétés de semences paysannes, de la perte des valeurs culturelles, sociales et environnementales.

 

Comment les militants peuvent-ils être plus efficaces dans la lutte contre l'injustice ?

Ils doivent être bien informés, conscients des problèmes liés à l’agriculture. Ils doivent également être bien structurés, équipés et représentés dans toutes les réunions locales, nationales et internationales où les questions d’agriculture ou d’alimentation sont discutées.

Ils doivent être unis et solidaires tout en servant de modèles dans la mise en œuvre de bonnes pratiques en agroécologie dans nos exploitations familiales et au sein de nos organisations.

Comment les militants peuvent-ils être plus efficaces dans la lutte contre l'injustice ?

Les dangers de la pratique de l’agriculture industrielle ou conventionnelle qui, à mon sens, est la principale cause de la dégradation des terres arables, de la disparition de la flore et de la faune, de la disparition de plusieurs variétés de semences paysannes, de la perte des valeurs culturelles, sociales et environnementales.

 

Comment les militants peuvent-ils être plus efficaces dans la lutte contre l'injustice ?

  • Ils doivent maîtriser les défis et les enjeux de l’agriculture et renforcer leurs capacités notamment sur les techniques innovantes en agroécologie.
  • Ils ne doivent pas adopter le principe du “chacun pour soi” mais plutôt développer la solidarité et la complémentarité.
  • Ils doivent mettre leurs talents au service de tous.
    Les jeunes doivent comprendre que notre santé dépend des aliments que nous consommons.
  • Ils doivent avoir la maîtrise de leur environnement, pour s’y identifier, le protéger et le promouvoir.
  • Ils doivent avoir un esprit ouvert à la connaissance abstraite, avec l’intelligence de leurs mains et la créativité concrète, qui relie l’enfant à la nature, à laquelle il devra toujours sa survie, et qui l’éveille à la beauté et à sa responsabilité envers la vie. Car tout cela est essentiel à l’élévation de leur conscience.

À quoi ressemblera le succès du mouvement de l'agroécologie ?

Une Afrique où, solidairement, les paysans sont associés aux décisions, et cultivent, transforment, consomment et vendent les produits de l’agriculture familiale africaine tout en préservant l’environnement pour un développement harmonieux.

wopallodia92@gmail.com

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Nous Sommes la Solution (NSS) :Une Réponse Collaborative des Femmes Rurales pour la Souveraineté Alimentaire en Afrique de l’Ouest

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